Toutes les louanges reviennent de droit à Allah Seigneur des univers. J’atteste que nulle divinité ne mérite l’adoration excepté Allah, seul sans associé. J’atteste que Mohammed est Son serviteur et Son messager, que les éloges d’Allah et Son salut soient sur lui, ainsi que sur ses fidèles suiveurs et l’ensemble de ses compagnons.
Ceci étant dit, la plus grande chose sur laquelle se sont concentrés les efforts et les résolutions est la réforme des cœurs : leur guérison, la préservation de leur santé, leur éloignement des maux et la protection contre ce qui les altère. C’est l’objectif principal, car l’influence du cœur sur les membres du corps est immense, tant en ce qui concerne sa réforme que sa corruption, comme l’a dit le Prophète ﷺ :
Certes, dans le corps, il y a un morceau de chair : s’il est sain, tout le corps sera sain, et s’il est corrompu, tout le corps sera corrompu. Il s’agit certainement du cœur !1
Al Hassan Al Basri a dit à un homme : “Guéris ton cœur, car Allah veut d’eux la réforme de leurs cœurs”2. Cela signifie qu’Il veut d’eux qu’ils réforment leurs cœurs, dont la réforme entraîne celle du corps et dont la corruption provoque celle du corps.
J’ai présenté cette série bénéfique sur le thème “La réforme des cœurs”, dans des interventions journalières diffusées sur la chaîne Al Sounnah Al Nabawiya. J’espère qu’Allah en multiplie les bienfaits et la bénédiction, et qu’elle soit pour nous une aide à la réforme de nos cœurs. Ces derniers sont sous Sa gestion, Il en est l’Allié et le Maître, seul sans associé.
Que les éloges d’Allah et le salut soient sur Son serviteur et messager, notre prophète Mohammed, sur ses fidèles suiveurs et l’ensemble de ses comapagnons.3
Traduction: Azwaw Abou ‘Abd Al Razzaq
Rapporté par Al Boukhary (52) et Mouslim (1599). ↩︎
Rapporté par Ibn Abi Al Dounya dans Al Tawadu’ Wal Khumul (240), et par Abu Nu’aym dans Hilyat Al Awliya (2/154). ↩︎
[NDT] Ce cœur est d’une grande importance : il fut créé pour contenir le rappel d’Allah, Sa connaissance et Son Tawhid. Par la révélation, il prend vie, trouve la guidée et le bonheur. Quant à celui dont le cœur s’en détourne, il devient un cœur malade ou mort, condamné à une vie étroite et difficile. Allah a dit (dans le sens approché) : “Répondez à Allah et au Messager ﷺ lorsqu’il vous appelle à ce qui vous donne vie ; et sachez qu’Allah s’interpose entre l’homme et son cœur.” [Sourate 8, v.24]. Et encore : “Si un guide vous vient de Ma part, quiconque suit Mon guide ne s’égarera ni ne sera malheureux. Et quiconque se détourne de Mon rappel, mènera certes une vie pleine de gêne, et le Jour de la Résurrection, Nous le ressusciterons aveugle.’” [Sourate 20, v.124]. Il sera ainsi ressuscité aveugle, comme il a été aveugle avec son cœur face à la révélation apportée par le Messager d’Allah ﷺ, et sera laissé dans le châtiment pour avoir abandonné la guidance qui lui était parvenue.
Le cœur vivant est illuminé par la lumière de la foi ; il discerne le bien du mal, le vrai du faux, sans quoi il demeure désorienté dans les ténèbres des passions et des ambiguïtés : “Celui qu’Allah prive de lumière n’a aucune lumière.” [Sourate 24, v.40]. Les maladies du cœur, qui peuvent mener à sa mort, sont d’une gravité immense, plus dévastatrices que les maladies corporelles. En effet, la mort du cœur entraîne la perte de cette vie et de l’au-delà. Celui qui souffre d’une maladie corporelle connaîtra, dans le pire des cas, la mort, comme tout individu. Mais s’il fut parmi les croyants, il trouvera, par la miséricorde d’Allah, une récompense éternelle. En revanche, celui dont le cœur est mort peut vivre dans l’insouciance de cette maladie qui le ronge de l’intérieur, vivant sans véritablement vivre. S’il meurt dans cet état de mécréance, il connaîtra le châtiment éternel. Ainsi, pour le croyant, la maladie du corps peut être une cause d’expiation des péchés, une élévation en degré dans l’au-delà. La maladie du cœur, en revanche, peut être cause de son châtiment, dans cette vie et dans celle de l’au-delà.
Le cœur est le socle de la foi, où elle prend racine. Du cœur s’élance l’arbre de la foi, dont les racines solides et la branche la plus haute s’incarnent dans la parole du Tawhid : “N’as-tu pas vu comment Allah propose en parabole une bonne parole pareille à un bel arbre dont la racine est ferme et la ramure s’élance dans le ciel.” [Sourate 14, v.24]. Selon Abu Hourayra, qu’Allah l’agrée, le Prophète ﷺ a dit : “La foi se compose d’environ soixante-dix branches : la plus haute est la parole ‘La Ilaha Illa Allah’, la plus basse est le fait de retirer un objet gênant du chemin, et la pudeur est une branche de la foi.” Cet arbre, par lequel le cœur prend vie, est une grâce d’Allah. C’est Lui qui lui a donné vie, comme Il redonne vie à la terre morte après une pluie salvatrice : “Sachez qu’Allah redonne la vie à la terre une fois morte.” [Sourate 57, v.17]. Cheikh ‘Abd Al Rahman Al Si’di, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit dans l’explication de ce verset : “Celui qui a redonné vie à la terre après sa mort par l’eau de la pluie est capable de redonner vie aux cœurs morts par la vérité qu’Il a révélée à Son messager”. L’individu ne doit donc pas être trompé par sa droiture ou désespéré de sa réforme, mais doit savoir que tout bien provient d’Allah et s’orienter ainsi vers Lui. Selon Anas Ibn Malik, qu’Allah l’agrée, le Prophète ﷺ disait fréquemment : “Ô Toi qui fais tourner les cœurs, affermis mon cœur sur Ta religion.” Cet arbre doit être entretenu pour grandir et produire de bons fruits, en le nourrissant du rappel d’Allah, de Sa connaissance, et en accomplissant les bonnes actions. Il doit également se préserver des maladies et des parasites, image des mauvaises actions et des ennemis, qui pourraient le corrompre, l’affaiblir ou même le détruire.
Cheikh Mohammed Al Tamimi, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit dans Al Durar (2/115) : “La Ilaha Illa Allah est l’arbre du bonheur. Si tu le plantes dans le terreau de la véracité, que tu l’arroses avec l’eau de la sincérité et que tu l’entretiens avec des actions pieuses, alors ses racines s’ancrent, son tronc se renforce, ses feuilles verdissent et ses fruits murissent et fructifient : ‘Il donne à tout instant ses fruits.’ [Sourate 14, v.25]. Si, par contre, tu plantes cet arbre dans la terre du mensonge et de la dissension, que tu l’arroses par l’ostentation et l’hypocrisie, et que tu l’entretiens avec de mauvaises actions et des paroles viles, que tu l’inondes par le ruisseau des excuses et que tu le brûles par la chaleur du délaissement, alors ses fruits se dispersent, ses feuilles tombent, son tronc se fissure, ses veines se brisent, les tempêtes des souillures s’abattent sur lui, et tout ce qui peut le déchirer l’atteint : ‘Nous avons considéré leurs œuvres qu’ils ont accomplies et Nous les avons réduites en poussière éparpillée.’ [Sourate 25, v.23]”.
Il est donc d’une importance capitale que chaque musulman s’attache à réformer son cœur et à purifier sa personne. Cela exige de connaître les moyens de cette réforme pour les appliquer et de comprendre ce qui cause sa corruption pour s’en écarter. C’est autour de ces axes fondamentaux – la réalité du cœur et ses fondements, les causes de sa réforme, et les maladies qui l’affectent – que l’auteur, qu’Allah le préserve, a structuré son livre “Hadiths sur la réforme des cœurs”. Ce livre, comme son titre l’indique, rassemble un grand nombre de hadiths du Prophète ﷺ en lien avec la réforme du cœur, des hadiths qu’il convient de méditer. À ma connaissance, aucun autre auteur n’a abordé ce sujet de façon aussi détaillée et méthodique dans un ouvrage entièrement dédié à cette thématique, en suivant une approche qui rappelle celle des érudits du Hadith. Ce livre est exclusivement composé de hadiths authentiques, l’auteur prenant soin d’indiquer le degré d’authenticité des hadiths lorsqu’ils ne sont pas issus des deux authentiques, en s’appuyant notamment sur les travaux de Cheikh Al Albani, qu’Allah lui fasse miséricorde. Le livre est divisé en 75 parties*, organisées autour de 137 hadiths, chaque partie explorant un sujet condensé dans un titre, introduit par un à cinq hadiths que l’auteur commente avec minutie. Il en tire des enseignements profonds, appuyés par des versets et de nombreux autres hadiths, en citant les paroles des imams de cette communauté pour enrichir ses éclaircissements. Par une parole claire et limpide, l’auteur parvient à toucher directement le cœur, à l’éveiller, l’invitant à la réforme et à la purification.
Je partage ici le conseil que l’auteur a donné lors du commentaire de ce livre : “Mon conseil pour tout lecteur est de veiller à comprendre chaque hadith qui débute chaque partie, ainsi que chaque intitulé. Il doit s’efforcer de saisir ces hadiths, et l’explication qui en suit l’aidera à atteindre cet objectif. Si le musulman comprend correctement ces hadiths tout en luttant contre son nafs pour les mettre en pratique, cela suscitera, par la permission d’Allah, la réforme de son cœur. Qu’il sache en premier et en dernier que la réforme de son cœur est dans la main d’Allah. C’est pourquoi il doit accompagner ces causes par la demande à Allah de réformer son cœur, de purifier son nafs, et de lui octroyer sa piété. Il est l’Allié et le Maître. Il doit multiplier les invocations à Allah, puis suivre cela par la lutte contre son nafs. Allah a dit (dans le sens approché) : ‘Et quant à ceux qui luttent pour Notre cause, Nous les guiderons certes sur Nos sentiers. Allah est en vérité avec les bienfaisants.’ [Sourate 29, v.69].”
Par la suite, tout complément tiré du commentaire de Cheikh ‘Abd Al Razzaq, qu’Allah le préserve, sera introduit par [C]. Qu’Allah récompense grandement notre Cheikh, qu’Il rende cette œuvre bénie et profitable à Ses serviteurs dans leurs voyages des cœurs vers Lui. Qu’Allah lave nos cœurs avec l’eau pure de la neige et de la grêle, et qu’Il les purifie de nos fautes comme on nettoie un vêtement blanc de toute souillure.
*Remarque : J’ai interrogé Cheikh sur l’ordre des parties. Ont-elles été classées avec soin, en prenant pour exemple les sections sur la méditation, la certitude et la confiance totale en Allah ? Puisque la méditation mène à la certitude : “Ceux qui invoquent Allah debout, assis ou couchés sur le côté, méditent sur la création des cieux et de la terre : ‘Notre Seigneur ! Tu n’as pas créé tout cela sans but’.” [Sourate 3, v.191]. De même, la confiance totale en Allah est fruit de la certitude : “Place donc ta confiance en Allah, car tu es sur la vérité évidente.” [Sourate 27, v.79]. Ici, la vérité fait référence à la certitude, comme l’a souligné Ibn Al Qayyim. D’où l’agencement de ces trois parties dans cet ordre : la méditation, suivie de la certitude, puis la confiance totale en Allah. Il me répondit qu’il n’avait pas spécifiquement ordonné ces parties et qu’il les avait écrites au fur et à mesure qu’elles lui venaient, même si, dans d’autres sections du livre, il avait organisé les parties selon un enchaînement précis, surtout dans les premières sections traitant des fondements et de la réalité du cœur. Je lui ai alors dit que, pour les parties mentionnées, l’enchaînement est d’une grande pertinence. Avec modestie, il répondit : “C’est possible, et si c’est le cas, cela provient d’Allah”. ↩︎