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L'intégrité des coeurs et des langues

L'effet du jeûne sur la réforme de l'individu

Le prophète a dit : “Le jeûne ne consiste pas seulement à s’abstenir de manger et de boire, mais il consiste également à s’abstenir de paroles fausses et obscènes. Si quelqu’un te t’insulte ou te provoque, dis-lui : ‘Je jeûne’”1. L’imam Ahmad a rapporté d’après Yazid Ibn ‘Abd Allah Ibn Shiyir selon un bédouin qui a entendu le prophète dire : “Le jeûne du mois de la patience, et celui des trois jours de chaque mois, font disparaître la chaleur du cœur”2.

L’un des traits remarquables et des nobles caractéristiques qui témoignent de la perfection de la foi des fervents jeûneurs, et de la noblesse de leurs mœurs, est la pureté de leurs cœurs et de leurs langues envers leurs frères croyants. Ainsi, dans leurs cœurs, il n’y a ni rancune, ni jalousie, ni animosité. Sur leurs langues, il n’y a ni calomnie, ni médisance, ni mensonge, ni propos malveillants. Au contraire, leurs cœurs ne portent que l’amour, la bienveillance, la miséricorde, la compassion et la générosité. Leurs langues ne prononcent que des paroles utiles, des discours bénéfiques et des invocations vérédiques. Ils font partie de ceux qu’Allah a loués et fait les éloges, dans Sa parole (dont le sens approché est) : “Ceux qui vinrent après eux disent : ‘Notre Seigneur, pardonne-nous, ainsi qu’à nos frères qui nous ont précédés dans la foi, et ne mets dans nos cœurs aucune rancune envers ceux qui croient. Notre Seigneur, Tu es plein de mansuétude et de miséricorde.’” [Sourate 59, v.10]. Ainsi, leur Seigneur les décrit avec deux grandes qualités et deux nobles vertus : l’une concerne la langue, car envers leurs frères croyants, elle n’est que source de conseilles et d’invocations : “Ils disent : ‘Notre Seigneur, pardonne-nous, ainsi qu’à nos frères qui nous ont précédés dans la foi’”. L’autre concerne le cœur, car leurs cœurs sont purs envers leurs frères croyants, sans rancœur, jalousie, amertume, malveillance ou autre.

L’intégrité du cœur et de la langue sont parmi les indicateurs les plus clairs et les preuves les plus véridiques de la complétude du jeûne et de sa perfection. Les pieux prédécesseurs considéraient parmi les meilleurs d’entre eux ceux dont la poitrine et la langue étaient les plus purs. Iyas Ibn Mou’awiya Ibn Qoura a dit : “Ceux qu’ils considéraient comme les meilleurs parmi eux - c’est-à-dire les pieux prédécesseurs - étaient ceux dont la poitrine était la plus pur et la langue la moins portée à médire”3. Soufyan Ibn ‘Uyayna a dit : “J’ai demandé à Abou Bashir, l’un des compagnons de ‘Ali : ‘Raconte-moi les actes de ceux qui nous ont précédés.’ Il a répondu : ‘Ils agissaient modestement et étaient récompensés abondamment.’ Je lui ai demandé : ‘Pourquoi cela ?’ Il a répondu : ‘En raison de la pureté de leurs cœurs.’”4

Le mois de Ramadan est une opportunité en or et une grâce divine pour purifier les poitrines et les langues de toutes les impuretés et les maladies. Ce qui compte dans ton jeûne n’est pas que tu t’abstiennes de manger et de boire, alors que ton cœur rompe avec de la rancœur, de la jalousie, de la amertume envers les serviteurs d’Allah. Ou alors que ta langue rompe avec la médisance, le colportage, la tromperie, le mensonge, l’injure et l’insulte. Celui dont tel est l’état, n’aura rien tiré de son jeûne, hormis la faim et la soif, comme en fait mention le hadith : “Il est possible qu’un jeûneur ne récolte de son jeûne que la faim et la soif, et qu’un veilleur en prière ne récolte de sa veillée que l’insomnie”5. Ce hadith a été rapporté par Ahmed d’après Abou Hourayra, qui est attribué au prophète.

La principale raison de l’intégrité des poitrines et des langues de ces individus qui ont excellé, réside dans la force de leur lien avec Allah et leur profond satisfaction à Son égard. Ibn Al Qayyim a dit : “La satisfaction ouvre les portes de l’intégrité ; elle rend le cœur sain, pur de la tromperie, de la corruption et de la rancœur. Personne n’échappe au châtiment d’Allah excepté celui qui se présente à Lui avec un cœur pur. De même, la pureté du cœur est incompatible avec la colère et l’insatisfaction. Plus le serviteur est satisfait, plus son cœur est sain. La malveillance, la corruption et la tromperie accompagnent la colère, tandis que l’intégrité du cœur, sa piété et son conseil vont de pair avec la satisfaction. De même, la jalousie est le fruit de la colère, tandis que l’intégrité du cœur est le fruit de la satisfaction”6.

Les fruits de l’intégrité du cœur, qui elle même découle de la satisfaction, sont innombrables. l’intégrité du cœur apporte le repos dans ce monde, la tranquillité et la sérénité. Sa récompense dans l’au-delà est parmi les meilleures récompenses, et son butin à ce moment-là est le plus grand de tous. Dans une narration de Zayd Ibn Aslam : “On rendit visite à Abou Doujanah alors qu’il était malade, et son visage rayonnait. On lui demanda : “Pourquoi ton visage rayonne-t-il ?” Il répondit : “Rien de mes actes n’est plus précieux à mes yeux que deux choses : je ne parle pas dans ce qui ne me concerne pas, et mon cœur est pur envers les musulmans”7.

Parmi ce qui aide le musulman à préserver la pureté de sa poitrine et de sa langue envers ses frères, est de se tourner vers Allah, de Lui demander cela avec véracité et sincérité. De même en méditant sur les conséquences louables et aux résultats bénis, tant dans ce monde que dans l’au-delà, qui en découlent. De réfléchir sur les conséquences néfastes et les résultats terribles de celui qui nourrit son cœur d’animosité, de rancune, d’amertume, etc.

Il est rapporté du prophète dans de nombreuses invocations, qu’il a demandé à Allah la guidance du cœur, sa préservation et son raffermissement. Comme lorsqu’il disait : “Ô Allah, donne à mon âme sa piété et purifie-la, car Tu es le meilleur à la purifier”8. Il a également dit : “Ô Allah, je cherche refuge auprès de Toi contre un cœur qui ne craint pas”9. Ou encore : “Ô Toi qui fais tourner les cœurs, affermis mon cœur sur Ta religion”10. Et enfin : “Ô Allah, place une lumière dans mon cœur”11.

Alors, saisissons cette opportunité du mois béni pour traiter les maladies des cœurs et des langues, veillons avec attention à leurs puretés et leur intégrités. Car c’est par leurs intégrités que l’individu se préserve, ainsi que sa religion et sa vie. Mais si elles sont corrompues, alors la religion et la vie sont corrompues. Notre messager nous a enseigné une grande invocation que le musulman prononce le matin, le soir, et lorsqu’il se couche. Il cherche le refuge auprès d’Allah contre les deux sources du mal dont il découle et ses deux conséquences, qu’il aboutisse à l’une d’elles où à toutes. Al Tirmidhi et Abou Daoud ont rapporté selon Abou Hourayra : “Abou Bakr Al Siddiq demanda au messager d’Allah : ‘Apprends moi une chose que je pourrais dire le matin et l’après-midi’. Il répondit : ‘Dis : Ô Allah, Créateur des cieux et de la terre, Savant de l’invisible et du visible, Seigneur de toute chose. Je témoigne qu’il n’y a de divinité digne d’adoration que Toi. Je cherche refuge auprès de Toi contre le mal de ma propre personne, contre le mal du shaytan et de ses ruses (qui appelle au Shirk)”. Il rajouta : ‘Dis cela le matin, l’après-midi et quand tu t’apprêtes à te coucher’”12. Dans une autre version :“Et je cherche refuge auprès de Toi contre le fait de faire du tort à ma propre personne, ou de le causer à un musulman”13.

Ce grand hadith comprend la recherche de la protection auprès d’Allah contre le mal, ses causes et ses conséquences. En effet, tout mal émane soit de l’âme soit du shaytan, c’est pourquoi il a cherché refuge auprès d’Allah dans sa parole : “Je cherche refuge auprès de Toi contre le mal de ma propre personne, contre le mal du shaytan et de ses ruses (qui appelle au Shirk)”. Et les finalités du mal, soit il touche la personne en elle-même, ou affecte son frère musulman : “Et je cherche refuge auprès de Toi contre le fait de faire du tort à ma propre personne, ou de le causer à un musulman”.

Par Allah que cette supplication est parfaite, ainsi que la grandeur de ses objectifs et la subtilité de ses signifcations. Comme il serait beau pour le jeûneur de l’ajouter à ses invocations assidues du matin, de l’après-midi, et avant de dormir, en ce mois béni et les autres jours de sa vie.

Ô Allah, nous te demandons des cœurs humblement soumis, des langues qui t’évoquent, et des âmes obéissantes et sereines. Nous cherchons refuge auprès de Toi contre le mal de nos âmes et les conséquences de mauvaises actions. Nous cherchons refuge auprès de Toi contre le mal de shaytan et ses ruses (qui appelle au Shirk). Nous cherchons refuge auprès de Toi contre le fait de nuire à nos propres âmes ou à tout musulman.

Source: Site officiel du Cheikh ‘Abd Al Razzaq Al Badr, qu’Allah le préserve.


  1. Al Moustadrak d’Al Hakim (1/595, n°1570) ↩︎

  2. Mousnad de l’Imam Ahmad (23070) ↩︎

  3. Rapporté par Al Tabarani dans Makarim Al Akhlaq ↩︎

  4. Rapporté par Ibn Sary dans son livre Al Zouhd ↩︎

  5. Mousnad de l’Imam Ahmad (2/374, n°8842) ↩︎

  6. Madarij Al Salikin ↩︎

  7. Al Tabaqat Al Koubra par Ibn Saad (3/557), Siyar A’lam Al Noubala (1/205), et Tarikh Al Islam par Al Dhahabi (3/70) ↩︎

  8. Rapporté par Mouslim (2722), Al Nassa-i (5460), et Ahmad (19204) ↩︎

  9. Rapporté par At-Tirmidhi (3482) et Al Nassa-i (5460) ↩︎

  10. Rapporté par At-Tirmidhi (2140) ↩︎

  11. Rapporté par Al-Bukhari (6316) et Muslim (763) ↩︎

  12. Rapporté par At-Tirmidhi (3529) et Abou Dawud (5067) ↩︎

  13. Rapporté par At-Tirmidhi (3529) du hadith de ‘Abdullah Ibn Amr Ibn Al ‘Ass ↩︎

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