Toutes les louanges reviennent de droit à Allah, Seigneur des univers. Que la prière et le salut soient sur le plus noble des envoyés. Ceci étant dit :
Voici d’importants principes pour comprendre, appréhender l’innovation, et y répondre, tout en saisissant le sens de la Sounnah. Si l’étudiant en science les maîtrise, alors il aura acquis un bienfait abondant et Allah lui aura ouvert une grande porte dans la compréhension de ce qu’est l’innovation et la Sounnah. Il sera capable de répondre aux plus grands innovateurs de cette terre avec ces principes en fournissant des arguments percutants et irréfutables.
Le premier fondement
Le premier fondement dans l’interdiction de l’innovation réside dans la parole du Très-Haut (dans la traduction des sens approchés) :
“Aujourd’hui j’ai parachevé pour vous votre religion, j’ai complété mon bienfait sur vous et j’ai agréé pour vous l’islam comme religion.” [Sourate 5, v.3]
Premièrement : À n’importe quel individu innovateur, demande-lui : “Ce que tu fais est-il une adoration ou un manque de comportement ?”. Il ne pourra pas dire que c’est un manque de comportement, il dira forcément que c’est une adoration. Ceci est le premier point : lui poser cette question.
Deuxièmement : Demande-lui : “Ta religion est-elle complète ou est-elle encore déficiente ?”. Il ne pourra pas te dire qu’elle est déficiente, il te dira plutôt qu’elle est complète. C’est le deuxième point. Ensuite, ramène-le au troisième sujet.
Troisièmement : Demande-lui : “Cette innovation que tu as faite, soit tu affirmes que la religion était déficiente et que tu l’as complétée par cette innovation, soit cette religion est déjà parachevée alors prends garde aux nouveautés.”
“Tout le bien réside dans le suivi de ceux qui ont précédé, Tandis que tout le mal est dans l’innovation de ceux qui ont succédé.”
Notre Cheikh, Cheikh Mohammed Aman Ibn ‘Ali Al Jami, qu’Allah lui fasse miséricorde, répétait ce vers et disait : “Il est le vers le plus véridique dans (le poème) Jawahir Al Tawhid, qui est sur la croyance Ash’arite”. Il disait aussi : “Si seulement il avait appliqué ce vers à sa croyance, car il attestait de la croyance de ceux qui ont succédé”.
C’est le premier fondement, que tu argumentes par ce verset.
Le second fondement
Le deuxième fondement par lequel tu réfutes l’innovation et cloues le bec aux plus grands innovateurs est la parole du prophète : “Celui qui innove dans notre affaire une chose qui n’en fait pas partie, alors elle se verra rejetée”.
Tu dis : “Est-ce que cette chose fait partie de notre affaire (religion) ? Apporte la preuve. Si tu me dis que c’est une nouveauté alors je dis qu’elle est rejetée, comme énoncé clairement par le hadith.”
Le troisième fondement
Le prophète répétait à chaque sermon du vendredi : “Prenez garde aux choses nouvelles, car toute nouveauté (dans la religion) est innovation, et toute innovation est égarement.” Il réitérait cette parole au point où les jeunes compagnons l’apprirent par cœur.
Il m’arrivait consciemment d’ajouter “bonne”, en disant ainsi : “et toute innovation est bonne”. Les gens me reprenaient, même en Afrique, ce qui prouve que les gens connaissent le hadith. Ils disent : “Non, frère Ibrahim, toute innovation est égarement.” Ainsi, les louanges reviennent de droit à Allah. D’accord, alors pourquoi lorsque vous êtes informés que cette innovation est égarement, répondez-vous : “Non, notre Cheikh, il dit que c’est une bonne innovation”? Par Allah, les gens ont rigolé, car nous les avons interpelés par la saine nature (Fitrah). Nous disons que ton prophète dit que toute innovation est égarement, tandis que toi tu dis : “Non par Allah, il a dit que c’est une bonne innovation.”
Le quatrième fondement
Nous disons : “Les actes d’adoration avec lesquels le prophète est venu, proviennent-ils de lui-même ou sont-ils le fruit de la révélation venant du ciel ?” Il répondra que c’est une révélation du ciel. Alors, tu lui dis : “Donne-moi une preuve.” Il dira : “Il ne parle pas sous l’effet de la passion, c’est uniquement une révélation” [Sourate 53; v.3]. D’accord, ton adoration que tu as innovée, a-t-elle été descendue sur toi par une révélation des cieux ? Alors que la révélation a pris fin (après la mort du prophète).
Le cinquième fondement
C’est une réponse à une ambiguïté. Ils disent : “Pourquoi faites-vous des reproches alors que nous faisons des choses bien comme la célébration de la naissance du prophète (Mawlid) ? Nous nous remémorons sa biographie, nous l’étudions et notre foi augmente dans notre cœur.”
La réponse à cela est que : “ce n’est pas toute chose dont l’apparence est bonne qui peut être utilisée pour adorer Allah”. La preuve en est le hadith des trois personnes dont le premier a dit : “Quant à moi, je vais prier la nuit dans son intégralité.” L’autre reprit : “Moi, je vais jeûner sans interruption.” Le dernier enfin dit : “Pour ma part, je vais m’écarter des femmes et ne jamais me marier.” Le messager d’Allah vint alors à eux et leur dit : “Est-ce bien vous qui avez dit ceci et cela ? En vérité, par Allah, je crains Allah bien plus que vous, mais je jeûne un temps et je mange un autre. Je prie une partie de la nuit et je dors une autre, et j’épouse les femmes. Celui qui se détourne de ma Sounnah n’est pas des miens.”
Remarquez, quand l’affaire fut grave et concernait une nouveauté dans la religion, il monta au minbar. La règle est donc que : “ce n’est pas parce qu’une chose semble bonne en apparence qu’elle peut être utilisée pour adorer Allah”.
Le sixième fondement
L’adoration, si elle est exempte de la condition de la conformité (au modèle du prophète), alors elle n’est jamais appelée adoration, même si tu adores Allah cent fois avec cette adoration, et la preuve de cela est le hadith de celui qui a mal accompli sa prière.
D’où avons-nous extrait le témoin argumentatif (du hadith) ? L’homme a prié avec certitude et le prophète a dit la vérité en disant : “Tu n’as pas prié”. Comment alors réunir deux choses qui s’opposent et se contredisent en apparence ?
La réponse : étant donné qu’il n’a pas prié conformément à la Sounnah, en suivant la prière du prophète, alors elle n’a pas été considérée comme une adoration, c’était comme s’il n’avait pas prié.
Nous disons alors : “Ton innovation par laquelle tu as voulu adorer Allah n’est pas considérée comme adoration, même si tu l’appelles ainsi”.
Le septième fondement
Ce fondement, en lui-même, revêt une importance capitale, nous permettant de réfuter l’innovation. Il consiste à affirmer : “Le prophète a montré à la communauté le bien qu’il connaissait et a averti contre le mal qu’il connaissait. Les plus grands maux dont il a mis en garde sont le shirk et l’innovation”. La preuve en est dans l’authentique de Mouslim, où le prophète a dit : “Il était du devoir de chaque prophète de montrer à sa communauté le bien qu’il connaissait et de les avertir contre le mal qu’il connaissait”. Nous adorons donc Allah sur cette base et attestons que notre prophète a guidé la communauté vers tout bien et l’a mise en garde contre tout mal.
Ainsi, nous disons à l’innovateur : “Est-ce que ton innovation est un bien (connu du prophète) ?”
- S’il répond que oui, alors nous disons : “Apporte une preuve (de la révélation) que c’est vraiment le cas. Au départ, tu l’as qualifié d’innovation simplement parce que c’est une nouveauté.”
- S’il répond non, alors nous lui disons que deux possibilités s’offrent à toi :
- Tu affirmes que le prophète ignorait ce bien et que tu as été le premier à le révéler, avec les autres imposteurs.
- Tu affirmes que le prophète a dissimulé ce (soi-disant) bien, alors la parole de l’imam Malik s’applique à toi : “Celui qui innove dans l’islam et voit que son innovation est bonne a certes prétendu que Mohammed a trahi le message de la prophétie.”
Un Athar qui appuie et témoigne de ce fondement est la parole d’Ibn Mass’oud, qu’Allah l’agrée, qui a dit : “Par Celui qui détient mon âme dans Sa main, vous êtes sur une voie dont la guidée est meilleure que la religion de Mohammed, ou bien vous ouvrez une porte de l’égarement”.
Notre prophète a guidé la communauté vers tout bien et l’a mise en garde contre tout mal. Donc soit ta voie est sur une guidée meilleure que celle du prophète, soit tu ouvres une porte de l’égarement.
Le huitième fondement
C’est une réponse à une ambiguïté qui consiste à justifier leurs innovations, comme le Mawlid, par le hadith : “Celui qui instaure dans l’islam une bonne tradition aura sa récompense et la récompense de ceux qui ont œuvré selon elle, et ceci jusqu’au jour de la Résurrection”.
On ne dit pas : “Malheur donc à ceux qui prient” [Sourate 107, v.4], puis on s’arrête ici. Le sens de la parole du prophète : “Celui qui instaure dans l’islam une bonne tradition” s’éclaircit si tu viens avec le hadith complet. Mais que tu cites le hadith pour prendre ce que bon te semble et délaisser ce qui témoigne contre toi, ceci n’est pas permis.
Ce hadith est lié à une histoire. Un groupe de personnes, pauvres, vêtus d’habits en lambeaux, et affamés vinrent au prophète. Quand il vit leur état de nécessité, il changea de mine. Et il est la créature la plus compatissante et magnanime envers la création. On appela ensuite à la prière en groupe, quand les gens se regroupèrent, il ordonna et incita à faire l’aumône. Un homme apporta un sac de nourriture qu’il n’arrivait pas à porter avec sa main, il le mit devant le prophète. Voyant cela, les compagnons le suivirent dans cette porte du bien qu’il avait ouverte, certains vinrent avec un boisseau de blé, d’orge, de dattes… jusqu’à ce que deux grandes quantités de nourritures et d’habits furent regroupées auprès du prophète. C’est alors qu’il dit : “Celui qui instaure dans l’islam une bonne tradition”. Il visa par cela, le premier qui avait apporté un sac rempli de nourriture dont il était incapable de porter. Il n’est pas voulu par ce texte que tu inventes une voie Tijani, Naqshbandi, etc., puis tu dis : “Celui qui instaure dans l’islam une bonne tradition”.
Le neuvième fondement
Ce fondement est une réponse à l’innovation d’annexion, qui consiste à introduire une adoration spécifique, à un moment défini et sous une forme particulière. Cette adoration est rejetée et n’est pas acceptée. Par exemple : spécifier la nuit du vendredi par la prière nocturne et le jeûne de ce jour. Le prophète a interdit une telle pratique. La preuve en est qu’il a dit : “Ne spécifiez pas la nuit du vendredi parmi les autres nuits par une veillée en prière, et ne spécifiez pas la journée du vendredi par un jeûne, sauf s’il est inclus dans un jeûne continu”. Rapporté par Mouslim.
Source: Chaîne Telegram du Cheikh Ibrahim Al Mouhaymid, qu’Allah le préserve.